Claire Arthus-Champon (septembre 2013)
VOYAGE et STAGE, été 2013
4 BELLES SEMAINES EN TERRE INDIENNE
Après une année bien remplie, un peu de temps pour un retour aux sources dans le nord de l'Inde avec quelques jours de tourisme, un retour à soi également avec trois semaines de stage de Yoga et 4 jours de méditation.
QUELQUES JOURS à DELHI
Le tombeau d’Humayun (XVI° siècle), associant le grès rouge et le marbre blanc, marque le début de l’architecture moghole
et représente le plus ancien exemple conservé de tombe dans un vaste jardin. Il a inspiré d’importantes innovations architecturales
qui verront leur apogée avec la construction du Taj Mahal un siècle plus tard.
Détails
Gurdwara, un important temple sikh, fourmillant d’activité à l’extérieur et si calme à l’intérieur.
Son bassin, dont l’eau aurait des vertus curatives
Bahaï, un temple qui reproduit la forme d’une fleur de lotus avec 27 pétales en marbre blanc. Dessiné en 1986 par Fariburz Sahba,
un architecte irano-canadien, il est ouvert à toute personne qui souhaite se recueillir en silence.
On prend soin des monuments… Parfois un peu moins de leur environnement…
EN STAGE DE YOGA
Faire une pause en tant qu’enseignante pour redevenir étudiante pendant un stage de 3 semaines en Inde est une chance. Le faire au YOGA-GANGA CENTER en étant élève de deux professeurs seniors en Yoga Iyengar, Rajiv et Swati CHANCHANI, a été un vrai bonheur. Tous deux ont à cœur de partager leurs connaissances en se centrant sur l’essentiel, et de raviver un bel élan pour continuer à apprendre, dans le respect des grands principes philosophiques du Yoga et de la pratique selon la méthode de BKS Iyengar.
Leur très beau centre est situé à Old Rajpur, un petit village sur les contreforts de l’Himalaya, à une douzaine de kilomètres de Dehradun, grande ville tumultueuse et capitale de l’état Uttarakhand.
Dès le portail, et quelques détails sympathiques, vient la sensation d’être accueilli.
Le centre dans son beau jardin entretenu avec soin : un sol de marbre et de grandes fenêtres ouvertes sur la nature, bien loin de la rumeur des villes.
Patanjali et Hanuman veillent sur les pratiquants, dans une salle équipée de tout le matériel pour la pratique du Yoga Iyengar.
Rajiv et Swati Chanchani ont donné leur enseignement en anglais, à une quarantaine d’étudiants venant de tous les horizons (Inde, Israël, Chine, Singapour, Nouvelle-Zélande, Colombie, USA, Turquie, Irlande, Pays-Bas, France…).
Pour Rajiv, le Yoga Iyengar est trop souvent résumé à une technique, une organisation des postures (asana) en séquence et le respect d’un certain timing. Oui cela existe, et la technique est un passage obligé, mais pour continuer à évoluer, quelles que soient les possibilités physiques de chacun, il faut savoir chercher peu à peu l’intégration en observant toutes les réactions dans le corps et dans l’esprit : « to be active, sensitive, reflective, pensive and meditative ».
Développer la réceptivité est plus important que de « réussir » des postures difficiles sans les ressentir : avoir développé une bonne sensibilité dans les postures de base permettra de travailler les postures plus avancées en sachant retrouver, rechercher les sensations justes qui auront été éduquées par ces postures de base. Le pranayama est également mis au coeur de la pratique. Le Yoga est un chemin vers la connaissance de soi, et nous sommes invités à évoluer à travers nos postures, plutôt qu’à faire évoluer les postures pour elles-mêmes : « ne pas faire pour faire, mais toujours faire pour apprendre, jusqu’à une connaissance cellulaire. Bien sûr, au début on a besoin du corps, des mots du professeur, du mental pour assimiler, mais il faut aller vers cette connaissance intime en s’impliquant totalement pour aboutir à une pratique venant de l’intérieur.»
Swati insiste afin que chacun apprenne à bien comprendre toutes les étapes d’une posture, en sachant utiliser les supports dont on a besoin pour sentir que les différentes actions mises en place ont bien un effet, et… sans vouloir tout de suite les postures de BKS Iyengar vues dans Lumière sur le Yoga ! Il s’agit de travailler avec le corps que l’on a, et non un corps imaginaire ou idéalisé, et cela peut prendre 10… 20 ans pour transformer ce corps… pour se transformer.
« N’oubliez pas que toutes les postures, qu’elles soient faciles ou difficiles, comme vrischikasana (le scorpion), sont là pour préparer padmasana (le lotus), la posture reine pour la méditation. Le travail du corps n’est pas une fin en soi, mais c’est un passage nécessaire pour la méditation. Padmasana donne un redressement aisé de la colonne permettant au cerveau d’être à sa place, ce qui facilite l’apprentissage.»
Le centre est à disposition des stagiaires avant les cours de fin d’après-midi pour une pratique libre permettant de continuer à intégrer
ce qui a été abordé en cours le matin ou d’avoir une pratique de détente.
Petit miracle indien : la pluie s’est interrompue le temps d’un savoureux repas offert par Rajiv et Swati.
S’informer sur Yoga-Ganga Center
TEMPLES et OFFRANDES
En Inde, chacun peut choisir la forme du Divin qui lui convient. Et si chaque temple est dédié à une Divinité en particulier (Shiva, Vishnu, etc.), il peut tout à fait en en accueillir d’autres. La gratitude pour tout ce que l’on reçoit est une évidence, qu’il s’agisse de la chaleur du soleil, de l’eau bienfaisante, des fruits de la terre perçus comme venant du monde Divin, mais aussi pour tout ce qui nous vient des parents et de la société. Faire des offrandes pour témoigner sa reconnaissance fait totalement partie de la vie.
Tu es la terre, Tu es le ciel,
Tu es l’air, le jour et la nuit ;
Tu es la semence, le bois de santal, l’eau et les fleurs,
Tu es tout cela et tout ce qui existe.
Quelle offrande te faire pour T’adorer ?
Lalla (Chants mystiques du tantrisme cachemirien,
présentation et traduction par Daniel Odier, Paris, Ed. du Seuil, 2000)
Hanuman dans le Yoga-Ganga Center
À Old Rajpur, un temple de Shiva aujourd’hui à l’abandon
L’inde est donc un pays où la spiritualité est vraiment vécue au quotidien, à chaque moment de la vie, non seulement dans les temples bien sûr, mais aussi dans chaque maison, chaque boutique, chaque véhicule qui dispose de son propre autel.
« Pour tout hindou, la puja, rituel d’adoration du dieu dans une image ou un symbole le représentant, est au cœur de ses pratiques [… ] On appelle puja aussi bien le rite domestique très simple qui dure quelques minutes que la cérémonie au temple qui peut être complexe et durer plusieurs jours […] Pour la puja, on convie le dieu à descendre dans son image pour y être adoré (statue, yantra, mais aussi image découpée dans un magazine), on prépare donc le lieu pour recevoir son hôte et on se prépare aussi pour l’accueillir. Lorsqu’il est là, on lui rend hommage et on lui fait des offrandes […] Par la parole et par les gestes rituels, la puja crée les conditions favorables à la rencontre entre l’adorateur et son dieu ; pour que celle-ci ait lieu, un double mouvement est nécessaire, la purification et l’élévation spirituelle de l’homme et la manifestation du dieu aussi bien dans son image que dans le cœur de l’homme. Cette reconnaissance du divin en soi et à l’extérieur de soi préfigure l’union de l’atman et du Brahman. »
Un et multiple (Sarah Combe, Ed. Dervy, 2010)
Temple de Shiva et ses lingam à Rajpur. Petit autel dans une ruelle de Old Delhi
Les offrandes rappellent les 5 éléments : l’eau (si possible du Gange, mais toute eau sur laquelle on a récité le mantra de Ganga acquiert les mêmes qualités que l’eau du Gange et peut servir pour les puja) ; la terre sous forme de fleurs et fruits, ou de riz ; le feu est représenté par la lampe ; l’air par la fumée et le parfum de l’encens ou par un éventail ; enfin l’espace est symbolisé par les sons qui enveloppent tout (tintements de cloche, souffle dans une conque).
Offrandes prêtes à partir au gré de l’eau du Gange à Rishikesh
Du plus sobre… … au plus kitsch
Le taureau Nandi, monture de Shiva Lingam et Nandi, dans une ruelle de Rishikesh.
Offrandes de fleurs : à l’ashram Omakarananda à Rishikesh Au Temple Sai Baba à Dehradun
" Le Vishnu pada est l'empreinte des pieds de Vishnu. Dessinés sur le seuil et pointant vers l'intérieur des maisons, sculptés dans du bois, des métaux précieux ou gravés dans la pierre à l'entrée des temples, ses pieds indiquent l'immanence, la stabilité du dieu, sa présence ici-bas. En signe d'humilité ou pour rendre hommage à une personne que l'on respecte ou vénère, on lui touche les pieds avec les mains et parfois même, en se prosternant, avec le front."
Un et multiple (Sarah Combe, Ed. Dervy, 2010)
Temple Sakya (l’une des 4 traditions du bouddhisme tibétain) près de Dehradun et ses moulins à prière.
Un moulin à prières traditionnel est constitué d'un cylindre rempli de mantras et pouvant tourner librement autour d'un axe. Selon les croyances associées à cet objet, actionner un tel moulin a la même valeur spirituelle que de réciter les mantra qui sont à l'intérieur, les mantra étant censés se répandre ainsi dans les airs comme si ils étaient prononcés et avoir une influence positive sur l'environnement du moulin. Les moulins à prières sont le plus souvent disposés en longues séries et sont mis en mouvement l'un après l'autre par le fidèle qui passe devant eux. Le moulin doit être tourné dans le sens des aiguilles d'une montre, afin que le mantra soit lu dans le sens où il a été écrit.
MUSSOORIE
Perchée sur une crête à 2000 m d’altitude, Mussoorie a été fondée par les Britanniques, elle devint rapidement un refuge privilégié, à la saison chaude,
pour les fonctionnaires du Raj. L’architecture des bibliothèques, églises et résidences témoigne de ce temps révolu,
et les visiteurs affluent de mai à juillet pour échapper à la touffeur des plaines.
Pour préserver et faire connaître cet environnement (arbres, champignons, fleurs, léopards, ours…), un projet écologique et éducatif local a établi un parcours
pédagogique en forêt. Avec un peu de chance, le ciel s’éclaircit pour offrir une vue sur la vallée de la Doon et les sommets enneigés de l’Himalaya.
RISHIKESH
Petite ville au bord du Gange, Rishikesh est le point de départ de nombreux pèlerinages pour des sites sacrés (comme Gangotri, la source du Gange).
L’histoire de la ville abonde de légendes sur les sages, yogis et sâdhus qui ont renoncé à tout pour atteindre les états les plus élevés du yoga.
Ram Jhula, l’une des passerelles sur le Gange Rapporter de l’eau de la rivière sacrée
Un festival international de Yoga est organisé chaque printemps : il attire toujours des grands maîtres de Yoga du monde entier, venant présenter et explorer les traditions majeures. En dehors des cours de yoga, beaucoup d'ashrams dans Rishikesh offrent des cours sur la méditation, la musique traditionnelle et la philosophie hindoue. On y trouve aisément des cours sur l’ayurvéda et la cuisine indienne.
L’ashram Shivananda, paisiblement gardé ce jour-là, et son principal temple
Cet ashram a été fondé en 1936 par Swami Shivananda, l'un des grands yogis du siècle dernier, qui fut le premier à ouvrir ses portes aux occidentaux dans les années 1930 et à les initier à la science du yoga. Il écrivit de nombreux livres sur les différents aspects du yoga, de l'hindouisme et du Védanta. Avec une grande simplicité, il résumait son enseignement en quelques mots « Sers, aime, donne, purifie, médite et réalise. Sois bon, fais le bien, sois doux, sois compatissant. Adapte-toi, ajuste-toi, à chaque situation ! »
CIRCULER EN VILLE
TRANSPORTER
A vélo, après la tonte A plusieurs, en charrette à bras
Seul, sur la tête A 3 ou 4… voire 5 sur la moto pour aller à l’école
MELI-MELO
Végétal : racines d’un banian. Electrique à Delhi Bambou et béton, près de Dehradun
SE NOURRIR
Oignons, ocras, lokis, aubergines, coriandre Peser le curcuma
Dans la rue
Au restaurant : thali, dosas et idlis Dans les temples et ashrams : riz, dhal et légumes
Se méfier des singes chapardeurs, les mangues sont délicieuses
COULEURS INDIENNES
Galons dans les boutiques de Old Delhi Guirlandes pour les statues des temples
Étagères de tissus
Les femmes travaillent en coopérative : tissage des tapis tibétains en laine à Rajpur et patchworks à Purkal
Rouge brique, jaune et vert : la terrasse du café Marigold à Old Rajpur
Tons vifs pour les drapeaux de prière tibétains sur les hauteurs de Mussoorie
Tons pastels pour les murs subissant la mousson chaque année
AMBIANCE de MOUSSON à RAJPUR, près de Dehra Dun à 400 km au nord-est de Delhi, sur les contreforts de l’Himalaya
Brouillard, averses, orages et murs végétaux naturels
Ne pas oublier le parapluie
Faire sécher le linge pendant les éclaircies
QUELQUES JOURS DE MEDITATION, auprès de CHANDRA SWAMI, au Sadhana Kendra Ashram
L’ashram est situé au bord de la Yamuna, face aux contreforts de l’Himalaya. C’est un lieu ouvert à tous les chercheurs spirituels sincères, sans distinction de croyance ou de religion. Il est exclusivement consacré à la pratique spirituelle et chacun s’engage à participer aux quatre sessions de méditation quotidienne.
Le seva (service désintéressé pour la collectivité : épluchage, ménage, jardinage) fait partie de la pratique spirituelle : les tâches journalières sont donc faites par les résidents.
Shrî Chandra Swâmi Udasin est né en 1930 (dans un village maintenant au Pakistan). Après une scolarité normale, il se sentit appelé par le Divin et interrompit alors ses études de sciences. A l’université, il avait entendu parler d’un sage Udasin, Swâmi Krishna Dâs qui l’avait fortement impressionné. Il obtint de lui d’être consacré moine sous le nom de Chandra Swâmi Udasin et commença alors une période d’intense pratique solitaire (sâdhanâ).
En 1984 il fit vœu de silence, mais il continue à répondre par écrit aux chercheurs qui l’interrogent. En 1990, il s'installe à Sâdhanâ Kendra Âshram près du petit village de Domet, au nord de Dehradun. L’ashram est fréquenté par des Indiens et des Occidentaux, dont bon nombre de Français : en effet, Chandra Swami a été l’initiateur et le père spirituel d'Yvan Amar qui l’a invité en France à plusieurs reprises.
« Sa présence et son rayonnement, lorsque je l’ai rencontré en France, ont immédiatement fait naître en moi non seulement le respect mais cet amour si particulier que l’on ressent pour un être qui est lui-même l’incarnation de l’amour. »
Arnaud Desjardins (préface du livre « le Chant du silence »)
Le développement de l’ashram a également permis la construction d’une école et d’un dispensaire qui sont ouverts à tous les habitants des villages environnants.
Dans le jardin de l’ashram, autosuffisant en fruits, légumes et laitages grâce à son étable
Un lieu propice à la méditation, un espace et du temps pour pratiquer le yoga sur une belle terrasse.
S’informer sur Sadhana Kendra Ashram
Un lieu propice aussi à de belles rencontres : une maison très simple dans les rizières, habitée par une famille,
un bel échange autour d’un verre d’eau fraîche puisée à la source de l’ashram.
Namaskar, aéroport de Delhi
Ôm Shanti, Shanti, Shanti
Crédits photographiques : Anne, Cathy, Annick, Michaela, Thomas et Claire. Merci pour ce partage.
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